mars 1590.                               33
maniere accoustumée, disoit que quelque chose que la Liguo dist, qu'il avoit bien congneu de ce jour qu'il estoit roy, pour cé quaiant touché les escrouëlles, il en avoit guéri plusieurs Espagnols.
On lui fist aussi deux plaisans contes qui firent rire Sa Majesté : l'un du sieur de Rumesnil, brave gentil­homme qui ce neanmoins aiant pris l'épouvante, fut veu fuir en ceste journée; et pour ce qu'il avoit un cheval tout semblable à celui du Roy, on eut crainte que ce fût Sa Majesté, qui se sentant blessée, se reti­rast de la presse : qui fut cause qu'estant suivi et se voyant recongneu, tua son cheval pour donner cou­leur à.Ia honte de sa fuitte. L'autre conte fut de l'abbé Delbene et de Morlas, qui eh fuyant discouraient en­semblement de la vertu.
Le mardi 27 mars, M. le légat se rendit à Noisy, mai­son appartenante à M. le marechal de Retz, sous Ia foi et parole de M. le marechal de Biron, qui lui enyoya un passe port du Roy, après avoir donné à entendre à Sa Majesté le desir qu'avoit le légat de lui parler et com­muniquer. IIs disnèrent ensemble audit Noisy où étoit messire Pierre de Gondi, cardinal evesque de Paris; et , une heure devant disner et deux heures après, par-» lerent ensemble des affaires du temps. Et aians pro­posé quelques moyens pour y donner ordre, se rencon­trèrent si mal, que tout se passa en discours ordinaires, et plaintes des misères que les guerres civiles entraî­nent ordinairement après elles. Aussi cest abouchement avoit eté prattique par le légat à deux fins : l'une pour gansgner tousjours temps, et amuser le Roy pendant qu'on se muniroit à Paris; l'autre, pour contenter au­cunement le pape Xiste son maistre, qui lui avoit 46.                                                    3
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